Adopté dans la nuit du 23 au 24 novembre 2024, l’accord de Bakou, issu de la 29e conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP29), marque un tournant dans la lutte contre le réchauffement climatique. Si l’annonce d’un financement de 300 milliards de dollars par an d’ici 2035 destiné à soutenir les pays en développement a dominé les discussions, plusieurs autres aspects méritent une attention particulière.
Quelles décisions clés dans l’accord de Bakou lors de la COP29 ?
L’objectif de financement climatique a été au cœur des débats. Les pays développés, désignés comme principaux responsables historiques des émissions de gaz à effet de serre, se sont engagés à mobiliser 300 milliards de dollars annuels à partir de fonds publics, privés et de « sources alternatives » comme des taxes globales sur l’aviation ou le transport maritime. Cet engagement remplace le précédent objectif de 100 milliards de dollars par an, fixé en 2009 et jamais atteint.
Toutefois, cet effort reste insuffisant pour les ONG et les pays en développement, qui réclamaient 600 milliards de dollars par an. Selon l’économiste Amar Bhattacharya et ses collègues Vera Songwe et Nicholas Stern, les besoins des pays en développement en financement extérieur sont estimés à 1 300 milliards de dollars par an d’ici 2035. Ainsi, les 300 milliards annoncés sont censés jouer un rôle de levier pour attirer des investissements supplémentaires.
Financement climatique : les engagements de l’accord de Bakou
L’accord de Bakou maintient la liste des 23 pays riches et de l’Union européenne responsables du financement climatique, établie en 1992. Cependant, plusieurs pays occidentaux souhaitaient élargir cette liste pour inclure des économies émergentes comme la Chine, Singapour ou certains États du Golfe. Face à une opposition ferme de la Chine, aucune modification n’a été apportée.
En revanche, l’accord invite les pays non développés à contribuer financièrement de manière volontaire. Ces apports pourront désormais être comptabilisés dans l’objectif global, notamment lorsqu’ils transitent par des banques multilatérales de développement, une décision saluée par les Européens.
L’impact de l’accord de Bakou sur les pays en développement
Les petits États insulaires et les pays les moins avancés (PMA), qui subissent de plein fouet les conséquences du changement climatique, ont exprimé leurs inquiétudes sur la répartition de l’aide financière. Bien qu’ils aient initialement menacé de bloquer l’accord, ils ont obtenu la garantie que les fonds multilatéraux prioritaires pour ces régions verraient leurs financements tripler d’ici 2030. Une feuille de route sera présentée lors de la COP30 au Brésil, pour détailler les mécanismes permettant de maximiser les financements sous forme de dons, en réduisant la part actuelle de 69 % de prêts.
Le débat sur les énergies fossiles
Malgré des attentes élevées, la question de la transition énergétique vers une sortie des énergies fossiles a été largement édulcorée dans l’accord final. Les tensions entre les pays producteurs de pétrole, comme l’Arabie saoudite, et les défenseurs d’un suivi rigoureux, tels que l’Union européenne, ont conduit à un compromis décevant. Aucune mention explicite de l’élimination progressive du pétrole, du gaz et du charbon n’a été adoptée, contrairement aux avancées de la COP28 à Dubaï.
Un négociateur européen a qualifié ces discussions de « bataille de tous les diables », soulignant la difficulté d’obtenir un consensus face aux intérêts divergents des parties prenantes. L’Union européenne espérait instaurer un suivi annuel des efforts de transition, mais cette proposition n’a pas été retenue.
Les défis de mise en œuvre de l’accord de Bakou sur le climat
L’accord de Bakou marque une avancée dans la mobilisation des ressources financières pour les pays en développement, mais les critiques fusent quant à son ambition limitée et à l’absence de mesures contraignantes pour les pays riches. Pour les ONG, comme Greenpeace et le Réseau Action Climat, les décisions prises sont loin d’être à la hauteur de l’urgence climatique.
Cop29 Climat : les quatre principaux points de l’accord conclu à Bakou
Cet accord est un début, mais il faut une volonté politique beaucoup plus forte pour éviter des catastrophes irréversibles.
Jean Jouzel, climatologue français
De même, Saleemul Huq, expert en adaptation climatique au Bangladesh, a souligné que les pays vulnérables attendent désormais des actions concrètes et rapides.
Avec la COP30 prévue à Bélem, au Brésil, en 2025, la communauté internationale aura une nouvelle opportunité pour affiner ses engagements et répondre aux attentes pressantes des populations affectées par les dérèglements climatiques. L’heure est désormais à l’action pour transformer les promesses en solutions tangibles.
Alfred Zeus